Connaissances et Communs
L’association pour la gestion des connaissances dans la société et les organisations porte un programme de recherche à visée indisciplinaire. Ce programme s’étend de l’étude en profondeur des communautés créatives aux démarches les plus abouties d’ingénierie des connaissances en passant par les dimensions cognitives des organisations et des processus d’apprentissage. Autant dire que les activités de notre association rassemblent des problématiques qui se développent selon plusieurs rationalités. Les problématiques de capitalisation et de transfert des connaissances développées suivant des logiques économiques en côtoient d’autres telles que l’apprentissage et l’intelligence collective davantage inspirées par des logiques d’émancipation et d’autonomie.
Dans ces tensions entre rationalités, la question de la propriété a été peu abordée. Si la problématique liée aux œuvres intellectuelles au sein des firmes industrielles a fait l’objet de diverses attentions (Saulais et Ermine, 2011), nous sommes encore dans l’attente d’une vraie rencontre entre dynamique des connaissances et développement des communs.
L’innovation basée sur les connaissances a été fortement investie par les batailles autour de la propriété industrielle, mais les expériences convaincantes autour des logiciels libres, des plate-formes ouvertes et des licences creative commons (Bauwens, 2015) favorisent un regain d’intérêt pour les communs (Coriat, 2015).
Ce regain trouve l’une de ses sources dans les discussions qui se sont développées en 1983 autour d’E. Ostrom à Annapolis à l’initiative du National Research Council. Ces discussions associaient formes de propriété dans les pays en zone tropicale et niveaux de productivité. Plusieurs cas y ont été débattus à propos de différents types de « communs ». Selon Coriat, un commun renvoie à trois séries de déterminants : la « ressource » mise en commun et partagée, le mode d’accès à cette ressource et les règles de son partage, enfin le mode de gouvernance de la ressource. Dans cette problématique, le mode d’organisation et l’action collective sont hautement stratégiques (pas de commun sans commoners). Et de ce point de vue : quoi de plus commun que la connaissance ? Et quoi de plus proche en termes de réflexion à propos de l’organisation des activités cognitives que les communautés et les communs ? Ces pistes ont fait l’objet de travaux fort bien documentés autour des activités de documentation (Le Crosnier, 2010, 2013), mais il reste encore de nombreuses questions à explorer.

Cette session « Connaissances et Communs » organisée dans le cadre du 9ème Colloque GeCSO à Paris les 27, 28 et 29 juin 2016 envisage de traiter de manière conceptuelle et factuelle le lien entre ressource cognitive et mode d’organisation de son développement. Aussi toutes les propositions mettant en évidence des expériences peu connues seront les bienvenues et pourront s’insérer dans un numéro spécial de revue internationale.
Contact : claude.paraponaris@univ-amu.fr
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Bauwens, M (2015) Changer le monde. Vers une économie post-capitaliste avec le peer to peer, Paris : Les Liens qui libèrent.
Coriat, B (dir, 2015) Le retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire. Paris : Les Liens qui libèrent.
Le Crosnier, H., (2010), Internet : la révolution des savoirs. Paris : La Documentation Française, collection « Problèmes politiques et sociaux », no 978.
Mélanie Dulong de Rosnay, Hervé Le Crosnier, Danièle Bourcier, Amar Lakel, Françoise Massit-Folléa (2013) Propriété intellectuelle : géopolitique et mondialisation, Paris : Editions du CNRS.
Saulais, P et Ermine, J.L (2011) « Créativité et gestion des connaissances », Actes du 4ème Colloque GeCSO, Université d’Auvergne.

Voir aussi la page de l’appel à communication.