GeCSO2011

4ème Conférence Francophone

Gestion des Connaissances, Société et Organisations

Les 18, 19, 20 Mai 2011 à Clermont-Ferrand

Clermont Université & Groupe ESC Clermont

APPEL A COMMUNICATION

L’émergence d’une économie de l’innovation fondée sur la connaissance (Cohendet, 2005 ; Foray, 2009) provoque de profonds bouleversements sur le plan managérial, en mettant au centre de nos préoccupations la question de l’émergence, de la capitalisation et de la diffusion des connaissances (Nonaka, Takeuchi, 1995). La gestion des connaissances devient une source de valeur discriminante dans le positionnement concurrentiel des entreprises.  En une dizaine d’année, le management des connaissances est devenu progressivement un domaine de recherche à part entière qui se traduit aujourd’hui par l’existence d’une vingtaine de revues référencées sur le plan international. Mais la constitution d’un champ de recherche sur le couplage « organisation-connaissance » nécessite une véritable interdisciplinarité au sens de Piaget, c’est-à-dire pour reprendre les mots de Piaget lui-même que les chercheurs soient «pénétrés d’un esprit épistémologiste assez large pour que, sans négliger pour autant le terrain de leur spécialité, ils soient constamment capables de voir les rapports avec l’ensemble du système des sciences» (Piaget, 1972 p. 33), voire accepter l’émergence d’une certaine transdisciplinarité. Dans cet esprit « indisciplinaire », sous l’impulsion de Jean-Louis Ermine, l’un des pionniers en France sur le thème du management des connaissances, Doyen de la recherche à Ecole Telecom Management, une communauté francophone de recherche s’est créée, regroupant des chercheurs issus de disciplines différentes : de l’informatique jusqu’à la psychologie en passant par l’économie, la gestion, la sociologie, les sciences de l’éducation et de la communication, et évidemment le champ des sciences cognitives. Le principe d’un colloque annuel s’est progressivement imposé : Groupe ESC Troyes en 2008, EM Bordeaux en 2009, Beta et Ecole de Management Strasbourg en 2010 et cette année à Clermont-Ferrand, au sein du Centre de Recherche Clermontois en Gestion et Management, Clermont Université et Groupe ESC Clermont. Ces manifestations ont regroupé des chercheurs appartenant à une trentaine d’institutions et provenant de six pays. La dernière manifestation a fait l’objet de deux numéros spéciaux en matière de publication la revue « Management International » (à paraître en 2011) et la revue en ligne « International Journal Of Information Sciences For Decision Making » (IDSM).

Nous avons voulu mettre l’accent cette année en 2011 à Clermont-Ferrand, sur les sciences de gestion, et ainsi nous avons organisé une séance d’ouverture centrée management avec des conférenciers invités qui ont accepté de jouer le jeu de tisser des liens entre leurs préoccupations de recherche inscrites dans des sous-disciplines identifiées en gestion, et cette question du management de la connaissance : Valerie Chanal (IEP, Human Lab), Gilles Garel (CNAM&X), Michel Ferrary (HEC Geneve), Jean-Fabrice Lebraty (Sophia-Antipolis, Rodige)…

Deux workshop pré-colloques sont organisés le mercredi 18 mai : l’un sur la question de l’expertise avec Jean Pierre Bootz et Eric Schenk (Beta), Jean Claude Coulet (Université de Rennes II), Benoit Le Blanc (ENSC, Bordeaux), Pascal Lièvre (CRCGM), et l’autre sur l’économie de la connaissance, organisation et territoire (14h-17h) avec Olivier Crevoisier (GREMI, Neuchatel), Catherine Thomas (GREDEG, Sophia-Antipolis)…

Une soirée « Management de l’équipe projet et Management des connaissances » sera organisée jeudi 19 Mai de 18h à 19h à partir du projet blanc ANR Darwin avec Genevieve Musca (CEROS, Paris X), Yvonne Giordano (Sophia Antipolis, Rodige), Pascal Lièvre (CRCGM). Ce projet de recherche a pris pour objet de suivre le déroulement d’une expédition française sur la cordillère Darwin et d’en dégager des leçons managériales. Après la présentation d’un film retraçant l’histoire de cette expédition, les chercheurs proposeront de dégager les premiers résultats de ce travail en rapport avec la question du management des connaissances.

Pour cette manifestation à Clermont-Ferrand, les meilleures communications seront publiées dans les revues : IDSM, Management et Avenir, Système d’Information et Management, et Journal of Information and Knowledge Management

L’objectif de ces conférences est de réunir des chercheurs issus de différentes disciplines  management, économie, sociologie, droit, sciences de l’ingénieur…) autour des enjeux et des défis liés à la gestion des connaissances dans les organisations et plus généralement dans notre société. Cette conférence s’inscrit donc dans une perspective interdisciplinaire et vise à croiser différentes approches académiques dans le but de repérer et de faire émerger les tendances qui se dessinent aujourd’hui dans les domaines suivants : la société de la connaissance, l’économie de la connaissance, la gestion des connaissances, la cognitique et l’ingénierie des connaissances. Cette conférence a un double objectif. Il s’agit d’une part de faire un bilan sur les avancées des analyses théoriques dans le domaine des organisations et d’autre part de tenter de comprendre les mutations rencontrées aux frontières et au sein des entreprises depuis plusieurs années et en corollaire de mettre en évidence les principaux enjeux de société liés à ces mutations. Les contributions s’inscrivent dans les quatre grandes thématiques suivantes :

 1) La société de la connaissance

Les débats récents autour de la « société de la connaissance » ou « société du savoir », reflètent une nouvelle vision de nos sociétés civiles dans laquelle la connaissance devient LA matière première du processus de développement socio-économique. Cette dimension est aujourd’hui au coeur du « processus de Lisbonne » et vise à faire de l’économie européenne : « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale». L’avènement de cette « société de la connaissance » va s’accompagner d’importantes transformations dans le tissu socio-économique dont on appréhende encore mal la portée et les implications : quels seront les liens entre les connaissances certifiées par nos institutions et les connaissances développées par les communautés autonomes, comment vont évoluer les liens sociaux, quelle place pour les « seniors », la construction de nouveaux territoires « virtuels » …

  2) L’économie de la connaissance

La connaissance est désormais considérée comme une nouvelle source de richesse et un « nouvel » actif au sein des firmes et des organisations. Pourtant, les économistes n’ont pas attendu le « processus de Lisbonne » que nous évoquions plus haut pour s’intéresser à la nature de ce bien particulier qu’est une « connaissance », au processus d’élaboration des connaissances (le « knowing » et non pas seulement le « knowledge »).Cette dimension est ainsi au cœur de l’école « évolutionniste » dans laquelle la connaissance est considérée comme un actif immatériel fondamental dans la croissance de l’entreprise, et comme une de ses principales ressources stratégiques. Sa gestion pose cependant de nombreux problèmes en raison de ses caractéristiques : la connaissance est difficilement contrôlable (diffusion involontaire, ou au contraire impossibilité d’accès et de partage). C’est une ressource inépuisable (elle ne se détruit pas par l’usage). Elle s’accumule dans l’organisation, et c’est à travers ce processus d’accumulation et en corollaire son exploitation et sa diffusion que se joue le développement de la firme. Aussi, quels sont aujourd’hui les enjeux liés à la gestion de cet actif, comment gérer et protéger au mieux la connaissance, comment mesurer cet actif immatériel, comment valoriser les connaissances de la firme ?

3) La gestion des connaissances

Dans une perspective plus managériale, la gestion des connaissances ou « Knowledge Management » (KM), est une discipline en pleine expansion dans le monde des entreprises dont les objectifs visent la création, la codification, la capitalisation, le transfert des connaissances au sein de l’organisation  en lien avec la stratégie inscrite dans le cadre d’un régime d’innovation intensive  et dans l’objectif d’améliorer la performance organisationnelle. Là encore, de nombreux défis restent à relever : quelle articulation entre stratégie de l’entreprise et management des connaissances, comment articuler management des connaissances et chaine de valeur de l’entreprise, comment stimuler l’innovation à travers la gestion des connaissances, quelles stratégies de gestion des connaissances adopter, quelles sont les modalités d’organisation concrètes à mettre en œuvre, comment favoriser la création de communautés de pratique et épistémiques au sein des organisations, comment réguler les interfaces entre des communautés de pratique et épistémiques et une organisation, et des organisations, comment gérer les connaissances dans l’entreprise-réseau, comment reconnaitre et gérer les experts, comment pratiquer une veille scientifique et technique, comment articuler connaissances expérientielles et connaissances scientifiques, quels sont les pré-requis en matière d’appropriation des connaissances, quelle place et quelle forme pour le retour d’expérience dans une perspective d’apprentissage organisationnel ?

4) La cognitique

Enfin, avec le développement des technologies de l’information et de la communication (ICT), les entreprises doivent faire face au problème de la « surcharge » d’information, c’est-à-dire de la quantité d’informations à traiter pour permettre aux acteurs de se forger une représentation de leur

environnement interne et externe. C’est à ce niveau que se pose le problème du « sens ». En effet, la transformation de l’information en connaissance implique un processus d’interprétation. Ce processus cognitif permet d’exploiter la connaissance dans un contexte donné et donne un sens à l’action. En posant la connaissance comme objet central d’une étude pluridisciplinaire, la cognitique s’appuie largement sur l’informatique, mais elle étend son champ d’investigation bien au delà de l’objet « information ». Dans ce contexte, les « facteurs humains » sont au cœur des sciences cognitives. L’étude des interactions « homme-machine», l’aide et la suppléance cognitive, l’ergonomie cognitive… ne sont que des exemples des apports de la cognitique à la gestion des connaissances. Parmi les techniques de la cognitique, l’ingénierie des connaissances cherche à faciliter la conception de systèmes à base de connaissances. A ce niveau, la difficulté essentielle réside dans la capacité à transférer des connaissances d’un ou plusieurs experts humains dans un progiciel ou un artefact technologique. Là encore de nombreux défis doivent être relevés : quelles méthodes utiliser pour le « recueil » des connaissances, quelles sont les implications d’une approche cognitive de l’entreprise, à quelles conditions des connaissances sont-elles appropriables par des acteurs ?

Dans l’attente de votre venue à Clermont-Ferrand

Jean Louis Ermine, Pascal Lièvre, Claude Guittard, Claude Paraponaris

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