Session spéciale « Connaissance et Communs »
dans le cadre de la 9ème édition du GeCSO

les 27, 28 et 29 juin à Paris (France)

[L’appel à communication en version PDF]

Trop souvent les connaissances sont présentées comme quelque chose qui peut et doit être géré au service de buts économiques ou étatiques.
Avant d’être un bien économique ou une chose manipulable, la connaissance est une activité qui nécessite de l’altérité : une situation, un questionnement, un défi, un dialogue avec l’autre qu’il soit non humain ou humain. Ce qui fait en partie de la connaissance un commun.
L’association pour la gestion des connaissances dans la société et les organisations porte un programme de recherche à visée indisciplinaire : de l’étude en profondeur des communautés créatives aux démarches d’ingénierie des connaissances. Les problématiques de capitalisation et de transfert des connaissances développées suivant des logiques économiques en côtoient d’autres telles que l’apprentissage et l’intelligence collective davantage inspirées par des logiques d’émancipation et d’autonomie.
Dans ces tensions entre rationalités, la question de la propriété a été peu abordée.
L’innovation basée sur les connaissances a été fortement investie par les batailles autour de la propriété industrielle, mais les expériences convaincantes autour des logiciels libres, des plate-formes ouvertes et des licences creative commons (Bauwens, 2015) favorisent un regain d’intérêt pour les communs (Coriat, 2015).
Ce regain trouve l’une de ses sources dans les discussions qui se sont développées en 1983 autour d’E. Ostrom à Annapolis à l’initiative du National Research Council. Ces discussions associaient formes de propriété dans les pays en zone tropicale et niveaux de productivité. Plusieurs cas y ont été débattus à propos de différents types de « communs ». Selon Coriat, un commun renvoie à trois séries de déterminants : la « ressource » mise en commun et partagée, le mode d’accès à cette ressource et les règles de son partage, enfin le mode de gouvernance de la ressource. Dans cette problématique le mode d’organisation et l’action collective sont hautement stratégiques (pas de commun sans commoners). Et de ce point de vue : quoi de plus commun que la connaissance ? Et quoi de plus proche en termes de réflexion à propos de l’organisation des activités cognitives que les communautés et les communs ? Ces pistes ont fait l’objet de travaux fort bien documentés autour des activités de documentation (Le Crosnier, 2013, 2015), mais il reste encore de nombreuses questions à explorer.

PROGRAMME
28 JUIN

  • Conférence plénière « Les Communs de la connaissance »
    Agnès Robin (Université Montpellier, CNRS) et Hervé Le Crosnier (Université de Caen, CNRS)
  • Atelier 1- Connaissances & Communs du Vivant
    Emilie LANCIANO (Université de Saint-Étienne, COACTIS) Qu’est-ce qu’une entreprise démocratique et collective ? Enquête sur les pratiques de démocratisation de la SCIC GRAP.
    Gilles ALLAIRE, Julie LABATUT et Germain TESNIERE (INRA Toulouse) Les ressources génétiques comme système complexe de communs : le cas des races animales et du progrès génétique
    Thierry LINCK (INRA-SAD) La circulation du maïs natif de Tenejapa. Une appropriation collective du vivant et du cognitif.
  • Atelier 2 – Connaissances & Communs du Numérique
    Léo JOUBERT (Aix Marseille Université, LEST CNRS), Gouvernance des communs du savoir. Le cas Wikipédia.
    Eddie SOULIER (Université de Technologie de Troyes, Tech-CICO) Du commun des ontologies. L’exemple des communautés de pratique. Robert I. VISEUR (Université de Mons), Communs informationnels et photographie.

29 juin

  • Atelier 3 – Travaux en cours – Les communs
    Virginie JACQUIER-ROUX (Université de Grenoble, CREG) La communauté des chercheurs et ingénieurs et leur mobilité : un commun ?
    Véronique SCHAEFFER (Université de Strasbourg, BETA) Open science and material transfer agreements : an anticommons tragedy ?
    Robert I. VISEUR (Université de Mons), Propriété intellectuelle : bases d’un cadre légal adapté.
  • Atelier 4 – Travaux en cours – Les communs
    David VALLAT (Université Lyon 1), Manager la connaissance comme bien commun
    Gaëtan BAILLY (université Lyon 3), Le droit coutumier : un commun immatériel à préserver.
    Pierre LOUART (Université de Lille) Comment construire des communs en sciences de gestion ?

Références
Bauwens, M (2015) Changer le monde. Vers une économie post-capitaliste avec le peer to peer, Paris : Les Liens qui libèrent.
Coriat, B (dir, 2015) Le retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire. Paris : Les Liens qui libèrent.
Le Crosnier, H., (2015), Une introduction aux communs de la connaissance, C&F éditions.
Mélanie Dulong de Rosnay, Hervé Le Crosnier, Danièle Bourcier, Amar Lakel, Françoise Massit-Folléa (2013) Propriété intellectuelle : géopolitique et mondialisation, Paris : Editions du CNRS.
Saulais, P et Ermine, J.L (2011) « Créativité et gestion des connaissances », Actes du 4ème Colloque GeCSO, Université d’Auvergne.