Organisé par la Chaire « Situation Extrême de Gestion »
à la Maison des Sciences de l’Homme, 2ème étage, Amphi 220, 4 rue Ledru Clermont-Ferrand

L’émergence d’un nouveau contexte économique depuis les années 90 qui prend la forme d’une économie de l’innovation fondée sur la connaissance se traduit par un régime d’innovation intensive où le positionnement concurrentiel de l’entreprise est assuré fondamentalement par l’innovation (Baumol, 2004). Ainsi, la performance de l’organisation repose sur des capacités à générer, transmettre, capitaliser cet objet curieux que sont les connaissances (Nonaka, Takeuchi, 1995 ; Cohendet, 2003 ; Foray, 2009). Les connaissances deviennent alors un actif précieux des organisations qu’il faut manager. Le management des connaissances devient stratégique pour l’entreprise. Dans un article fondateur Hansen et alii, en 1999, dans la Harvard Business Review, avaient proposé de distinguer deux types de pratique en matière de management des connaissances dans les entreprises : la codification et la socialisation. L’une était centrée sur la codification des connaissances et relevait plutôt du champ des Systèmes d’information. L’autre était plutôt centrée sur les échanges entre les acteurs en situation et relevait plutôt de la Gestion des Ressources Humaines. Ils opposaient ces deux pratiques et proposaient d’adopter l’une ou l’autre en fonction de la stratégie de l’entreprise et de considérer alors l’autre comme un support. Toute une littérature a pris comme référence et à discuter la thèse de Hansen et alii comme le montre un article récent de Mbengue (2013). Aujourd’hui, il apparait que les entreprises développent toute une palette d’outil en matière de management des connaissances : du codebook à la communauté de pratique en passant par le wiki. Le management des connaissances apparait comme une fonction à part entière dans l’entreprise avec son Knowledge Manager.  On voit apparaitre des services de KM, la fonction KM, de nombreux outils KM qui ont été forgés et mise en œuvre, mais aussi sont apparus : Learning Groups de Hewlett-Packard, Family-Groups de Xerox, Peer Groups de British Petroleum, des Knowledge Networks d’IBM, Club KM interne à EDF-GDF, Club Gestion des Connaissances TEM… . Dans le même temps, le champ du management des connaissances s’est profondément développé sur le plan scientifique. On note aujourd’hui une vingtaine de revues scientifiques spécialisées sur le plan international qui publient des milliers d’articles tous les ans. On est plus à même de distinguer information et connaissance. On passe d’une vision où la connaissance était envisagée comme un objet, comme un stock de connaissance à une vision où elle est envisagée comme un processus, une activité cognitive. Les connaissances tacites ont fait l’objet d’investigation approfondie permettant de mieux saisir leur nature profonde sur le plan théorique (Tsoukas, Baumard, Gourlay…). Enfin le management des connaissances relève autant d’une approche défensive, qui consiste à capturer les connaissances qui vont disparaitre avec le départ à la retraite des salariés qu’une stratégie offensive où le management des connaissances est compris comme moteur de l’innovation.

Notre workshop prend pour cible une perspective offensive qui se centre sur la question de l’articulation entre le management des connaissances et le management de l’Innovation. Il n’est plus possible d’envisager le management de l’innovation sans le management des connaissances, qui devient en quelque sorte le prérequis dans un contexte de régime d’innovation intensive (Hatchuel, Weill, 2005). Nous essayons de dégager le nouveau paradigme du management de projet propre à appréhender cette figure de l’innovation radicale (Lenfle, 2007 ; Garel, Rosier, 2011) et à situer la place et les modalités d’expansion des connaissances dans cette nouvelle perspective. Nous nous intéresserons plus particulièrement dans ce workshop aux processus d’expansion des connaissances dans les projets. Dans un premier temps, nous aborderons cette question d’un point de vue interne en nous interrogeant sur les possibilités de construire des structures sociales apprenantes au sein des projets à partir de la notion de communauté de pratique (Chanal, 2009). Il nous faudra revenir sur les fondements théoriques des communautés de pratique mais aussi des communautés épistémiques et leurs rapports avec les organisations. Dans un deuxième temps, nous aborderons cette question d’un point de vue externe en investissant les processus de mobilisation des experts dans les projets ce qui  nous obligera à revenir sur la question de la définition de l’expert, de son identification, de sa mobilisation et de sa gestion (Bootz, Lièvre, Schenk, 2013). Nous bénéficierons de la présence de Monique Aubry, Professeur à l’Ecole des Sciences de Gestion à l’UQAM, à Montréal, invitée à cette période au CRCGM, Prix « 2012 Research Award » de l’International Project Management Association pour ses travaux sur les Bureaux de projet qui assurera la conférence d’ouverture sur ce thème. Jean-Louis Baréa responsable KM chez ESSILOR nous fera partager son expérience en la matière. Enfin ce workshop est adossé à l’Association Gestion des Connaissances dans la Société et les organisations, présidé par Jean Louis Ermine (Mines-Telecom) qui fera une conférence de clôture sur le patrimoine de connaissance comme support à l’innovation et la chaire de Management des Connaissances dirigée par Jean-Philippe Bootz (EM Strasbourg).

Mardi 10 décembre

10h00 : Pascal Lièvre (CRCGM, MSE): Cadrage et Présentation du workshop

10h30 : Monique Aubry (ESG-UQAM, Montréal): La gestion de projet face à l’innovation intensive : les bureaux de projet

12h00 : Repas aux Hauts de l’Artière, Campus des Cézeaux

14h30 : Les communautés : quels enjeux pour les organisations ?

14h30 : Pascal Lièvre (CRCGM, MSE): Retour sur la notion de communauté de pratique

15h00 : Jean-Philippe Bootz, (Humanis, EM Strasbourg), Pascal Lièvre (CRCGM, MSE), Lorena Mayorca (CRCGM, MSE) : De la communauté de pratique spontanée à la communauté de pratique pilotée : le cas de Radio-France

16h00 : Jean-Louis Baréa (Responsable KM, ESSILOR): Les communautés de pratique pilotées chez Essilor

17h00 : Jean Philippe Bootz (Humanis, EM Strasbourg): Vers une typologie des communautés de pratique pilotées

Mercredi 11 décembre

10h00 : Monique Aubry (ESG-UQAM, Montréal): Bureau de projet et communauté de pratique

11h00 : Nicolas Laroche (CRCGM, MSE) : Les communautés épistémiques : un état du champ

12h00 : Repas aux Hauts de l’Artière, Campus des Cézeaux

14h30-16h30 : Table Ronde : Communauté de pratique et projet : quelles relations ?

 

Jeudi 12 décembre

La mobilisation des experts dans les projets

9h00 : Pascal Lièvre (CRCGM, MSE): L’expert comme unité à double texture cognitive et sociale

10h00 : Jean Claude Coulet (UHB, Rennes): L’expert cognitif entre mythe et réalité

11h00 : Michel Recopé (Acté, UBP): L’expert expérientiel sensible : le cas du volley-ball

12h00 : Repas aux Hauts de l’Artière, Campus des Cézeaux

14h30 : Amélie Andrey (CRCGM, MSE): Identification de l’expert expérientiel des sapeurs-pompiers

15h30 : Stéphane Cellier Courtil (CRCGM, MSE): Identification de l’expert expérientiel des marchés financiers

16h30 : Emmanuel Bonnet (CRCGM, MSE, CRea, Salons de Provence) : Vers la construction de connaissances expertes expérientielles en matière d’exploration spatiale via la simulation

17h30 : Jean Philippe Bootz (Humanis, EM Strasbourg), Pascal Lièvre (CRCGM, MSE), Eric Schenk (Beta-CNRS, INSA, Strasbourg): L’expert en mode exploration 

18h30 – 19h00 : Table-Ronde : Les experts et les projets

Vendredi 13 décembre

9h00 : Eric Schenk  (Beta-CNRS, INSA Strasbourg): Retour sur l’innovation ouverte

10h00: Jean-Louis Ermine (Mines-Telecom) et Pierre Saulais (Thales) : Le patrimoine de connaissance comme support à l’innovation

12h00 : Repas aux Hauts de l’Artière, Campus des Cézeaux

14h30-16h30 : Table Ronde : Management des connaissances et Management de l’innovation